LIFE Vipère d'Orsini

 

  Programme LIFE

« Conservation des populations

Françaises de Vipère d'Orsini »

 

 

Visiter le site du LIFE : www.vipere-orsini.com

 

I/ Description

 

La Vipère d’Orsini (Vipera ursinii, Bonaparte 1835) est la plus petite Vipère d’Europe. Les tailles maximales (longueur totale) varient de 50 à 62 cm. En France, Vipera ursinii ursinii à une taille qui n’excède qu’ exceptionnellement 50 centimètres. Le plus grand spécimen connu à l’heure actuelle atteignant 52 centimètres (Communication personnelle de J.P. Barron, 2007).

L’aspect du corps est écailleux terminée par une queue courte. La tête est peu triangulaire avec le museau arrondi. La pupille de l’œil est verticale. La coloration dorsale de l’espèce est généralement gris-beige avec un fort zig-zag continu brun sombre à noir. La Vipère d’Orsini est souvent confondue avec d’autres serpents, notamment la Vipère aspic (Vipera aspis aspis), la Coronelle lisse (Coronella austriaca), la Couleuvre vipèrine (Natrix maura) et parfois la Couleuvre Verte et Jaune (Hierophis viridiflavus).

L’espèce est ovo-vivipare. La femelle donne naissance de la fin Août à la fin Septembre à 4 – 5 vipéreaux d’une quinzaine de centimètres. Ces derniers ne se nourriront pour la première fois qu’à la fin du mois de juin de l’année suivante (Lyet et al., 2005).

La surface moyenne de l'espace vital est de l'ordre de 0,1 à 0,2 ha, les mâles ayant des espaces vitaux sensiblement plus importants que ceux des femelles (Baron, 1997).

II/ Régime alimentaire

 

Très peu de documents traitent de son régime alimentaire. Baron (1997) dans le cadre d’une thèse sur la démographie et la dynamique d’une population Française de Vipère d’Orsini a étudié le régime alimentaire de l’espèce sur plusieurs années. L’auteur a notamment mis en évidence que l’espèce se nourrit à 99% d’Orthoptères (Barron, 1992, 1997). Les orthoptères ne sont reconnus comme proie que si leur taille dépasse 16 mm de longueur quelle que soit la taille des vipères. La période d’alimentation de l’espèce s’étend de fin juin à septembre, lorsque les Orthoptères ont atteint une taille respectable pour l’espèce (16mm au moins).

Durant ces travaux seulement deux autres proies ont été trouvées, un Lézard des murailles et une Araignée. En captivité et dans d’autres parties de son aire de répartition, l’espèce consomme également des micromammifères. Cependant, ils n’ont pu être mis en évidence dans le régime alimentaire de la Vipère d’Orsini en France. L’alimentation se réalise en moyenne tous les 3 jours, avec quelques variations en fonction de l’âge et du sexe. Cette spécialisation du régime alimentaire de la Vipère d’Orsini pour les Orthoptères nous laisse présager qu’ils peuvent être un facteur déterminant de la présence de l’espèce sur un site donné. De même que la biomasse en Orthoptères sur un site peut être un facteur influençant sur les densités.

 

III/ Répartition

 

Sa répartition géographique est très vaste, s’étendant des montagnes du Tien Chan en Chine jusqu’à la Provence en France (Baron, 1992). Elle appartient à un complexe taxonomique de plusieurs espèces ou semi -espèces selon les auteurs, dont l’origine remonte à environ 10 millions d’années. Le complexe « Vipera ursinii » est largement répandu dans le Paléarctique. En Europe, Vipera ursinii sensu stricto est présente dans une dizaine de pays (Lyet et al., 2005) :

 

  • L’Autriche (Population probablement éteinte ?) ;

  • La Moldavie (Population probablement éteinte ?) ;

  • La Roumanie (2 populations très restreintes) ;

  • La Hongrie (Connues de seulement 4 stations, toutes en fort déclin) ;

  • L’Italie (Connues dans 3 massifs des Apennin central) ;

  • L’Ex-Yougoslavie et l’Albanie (Une vingtaine de stations connues) ;

  • La Grèce (Quelques stations dans le Massif de Pinde) ;

  • En France (Une dizaine de stations dans la région Provence-Alpes Côte d’Azur)

 

La sous-espèce Vipera ursinii ursinii n’a été trouvée que dans les Préalpes françaises et dans le massif des Abruzzes en Italie. Actuellement cette sous espèce est présente avec certitude sur 13 stations réparties dans les Alpes de Haute Provence, les Alpes maritimes, le Vaucluse et le Var et reste à confirmer sur 3 autres (Lyet et al., 2005). Le fort degré d'isolement des populations françaises par rapport aux autres populations européennes (les plus proches étant en Italie, dans l'Apennin Central), et leur position à l'extrémité occidentale de l'aire de répartition augmentent d'une part les risques d'extinctions de ces populations, et, d'autre part, leur intérêt pour la conservation de l'espèce.

 

Par ailleurs, cet isolement entre les populations françaises et les faibles déplacements enregistrés chez cette espèce empêchent :

 

  1. la mise en communication des différentes stations entre elles, à une ou deux exceptions près ;

     

  2. la recolonisation de stations favorables d'où l'espèce a probablement disparu depuis quelques dizaines d'années seulement.

 

IV/ Habitats

 

La Vipère d’Orsini fréquente une gamme d’habitat d’allure steppique situé entre 1000 et 2150 mètres d’altitude. Les travaux menés par Charrier (2007), on permit d’identifier 15 types d’habitats utilisés par l’espèce. Parmi eux, huit sont d’intérêt communautaire et un d’intérêt prioritaire.

Cependant, trois habitats sont nettement plus utilisés que les autres sur l’ensemble des sites où l’espèce est connue.

 

1 – Les pelouses calcicoles sèches, en exposition chaude, des Alpes méridionales à Avoine toujours verte sont les plus fréquemment utilisées par l’espèce. Cet habitat se situe dans l’étage montagnard entre 1300 et 1900 mètres d’altitude sur des expositions thermophiles (S, SO, SE) avec de fortes pentes (moyenne de 45°). Les espèces caractéristiques sont les suivantes : Androsace vitaliana subsp. vitaliana, Acinos arvensis, Carlina acaulis,Cytisophyllum sessilifolium var. prostratum, Helictotrichon sempervirens, Helleborus foetidus, Ononis cristata, Senecio doronicum, Vincetoxicum hirundinaria. Arbustes et sous-arbrisseaux associés : Amelanchier ovalis,Juniperus communis, Rhamnus alpina, Ribes-uva crispa, Satureja montana, Lavandula angustifolia

 

2 - Les pelouses méso-xérophiles montagnardes provençales et ligures. Elles se caractérisent par des pelouses moyennement denses à très denses sur des pentes généralement faibles à des altitudes comprises entre 650 et 1500m (supra méditerranéen et montagnard). Les espèces caractéristiques sont les suivantes  Armeria arenaria, Bromus erectus, Hieracium bifidum, Hieracium cymosum, Filipendula vulgaris, Koeleria pyramidata, Pedicularis comosa, Plantago argentea. Arbustes et sous-arbustes associés : Lavandula angustifolia, Genista cinerea

 

3 - Les pelouses calcicoles meso-xerophiles à tendance continentale. Ces pelouses sont présentes aux étages montagnards et subalpins (entre 800 et 2100m) sur des pentes plus ou moins fortes et une exposition essentiellement SE et SO. Cet habitat compose la majorité des pâturages du sud-est de la France. Il est sensible à l’embroussaillement si les charges en ovins sont mal réparties. Les buis et pins sylvestres vont progressivement coloniser ces habitats jusqu’à l’apparition de boisements plus denses. C’est ainsi que le massif des Préalpes du sud a perdu plus de la moitié de ses surfaces en pelouses au cours de ces 50 dernières années (CERPAM, 1996). Les espèces caractéristiques sont les suivantes : Astragalus danicus, Bromus erectus ,Koeleria pyramidata, Lathyrus pratensis, Poa pratensis, Salvia pratensis, Trifolium pratense. Arbustes associés : Prunus spinosa

 

V/ Statut de protection

 

La Vipère d’Orsini est classée dans la catégorie « en danger » par l'U.I.C.N et est en annexe I de la Convention de Washington : espèces menacées d`extinction pour lesquelles le commerce ne doit être autorisé que dans des conditions exceptionnelles.

 

En Europe l'espèce est protégée par :

 

- La Convention de Berne du 19/9/79 relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe, elle y figure en Annexe II : espèce de faune strictement protégée ;

 

- La Directive Habitats-Faune-Flore n : 92/43/CEE du Conseil du 21/5/92 concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages; elle y figure en annexes II et IV ; Annexe II : espèces animales d'intérêt communautaire dont la conservation nécessite la désignation de Zones Spéciales de Conservation. Annexe IV : espèces animales d'intérêt communautaire qui nécessitent une protection stricte.

 

En France, l'espèce et son habitat sont totalement protégés, (arrêté du 16 décembre 2004 modifiant l’arrêté du 22 juillet 1993 interdisant la destruction, l’altération ou la dégradation du milieu particulier de l’espèce, la destruction, la mutilation, la capture ou l'enlèvement, la naturalisation d’individus de ces espèces ou, pour les spécimens vivants ou morts, le transport, le colportage, l'utilisation, la mise en vente, la vente ou leur achat).

L'espèce est classée vulnérable dans l'inventaire de la Faune menacée en France, Livre Rouge Nathan, MNHN, WWF France, 1994.

 

VI/ Menaces pesant sur l’espèce en France (D’après Lyet et al., 2005)

 

La Vipère d’Orsini est une espèce qui est menacée à plus ou moins courts termes par différents processus naturels ou d’origines anthropiques.

 

■ Menaces à long terme :

 

- Régression des pelouses sèches du à la fermeture du milieu

- Extinction stochastique des populations qui peuvent être d’ordres environnementaux, démographiques et également génétiques.

 

■ Menaces à court terme :

 

- L’écobuage inadapté ou non contrôlé

- Aménagement et gestion des stations de tourisme en montagne

- Développement important de certaines activités récréatives (pratique hors piste par tout véhicule motorisé, randonnée pédestre ou équestre, VTT, spéléologie)

- Destructions volontaires

- Commerce illégal et collecte de serpents sur le terrain

 

VII/ Références bibliographiques

 

BARON J.P., 1992 – Régime et cycles alimentaires de la Vipère d'Orsini (Vipera ursinii, Bonaparte, 1835) au Mont Ventoux, France. Rev. Ecol (Terre Vie) 47. Pages 287-311

 

BARON J.P., 1997 – Démographie et dynamique d'une population française de Vipera ursinii (Bonaparte, 1835). Thèse de doctorat, Ecole Pratique des Hautes Etudes. 201pages

 

CERPAM., 1996 – Guide pastoral des espaces naturels du sud-est de la France. Co-édition CERPAM & méthodes et Communication. 254 pages

 

CHARRIER L., 2007 – Caractérisation des habitats de la Vipère d'Orsini dans le Sud-est de la France : Approche régionale et stationnelle. Master 2 professionnel. Université Aix-Marseille III. 30pages + annexes

 

LYET A., ORSINI P. & CHEYLAN M., 2005 – Plan de restauration de la Vipère d’Orsini. Rapport CEEP. 64pages

 

NILSON G. & ANDREN C., 2001 – The Meadow and steppe vipers of Europe and Asia. The vipera (acridophaga) ursinii complex. Acta Zoologica Academia Hungaricae 47 (2-3). Pages 87 – 267